Contexte
Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Indicatif Régional (PIR) de l'Union européenne en Afrique de l’Ouest (11e FED), l’UICN bénéficie d’une subvention pour la mise en œuvre du « Programme d’appui pour la préservation de la biodiversité et des écosystèmes fragiles, à la gouvernance régionale et au changement climatique en Afrique de l’Ouest – PAPBio » dont la composante 2 concerne le projet « Gouvernance Régionale des Aires Protégées en Afrique de l’Ouest ». Une des actions phares du projet « Gouvernance régionale » va porter sur le développement et l’établissement d’une capacité régionale en matière de comptabilité écosystémique du capital naturel, action mise en œuvre avec l’appui du partenaire VITO, codemandeur de la subvention.
Durant la première phase de ce projet, VITO a développé une plateforme semi-automatisée de comptabilité écosystémique basée sur la méthodologie CECN. Les comptes de base sont construits sur un modèle d'écosystème simplifié avec trois grandes composantes : le bio-carbone, l'eau douce et l’ensemble des services incorporels de régulation et socioculturels pris comme un tout. Cette plateforme, appelée Sys4ENCA, a été mise en pratique et évaluée pour une région transfrontalière entre le Sénégal et la République de Guinée, comprenant deux zones protégées, avec un workshop final d’évaluation qui s’est tenu à Conakry en décembre 2022. L’étude a mis en avant la capacité de la plateforme comme outil en appui de la gestion des aires protégées.
Pour la deuxième phase du projet, l’accent sera mis sur le transfert de compétences avec renforcement des capacités, afin de garantir une pleine appropriation de l’outil Sys4ENCA par les parties prenantes en Afrique de l’Ouest. Actuellement le déploiement de la CECN est opérationnalisé dans le contexte du complexe WAP, réserve naturelle partagée par la République du Niger, le Burkina Faso et la République du Bénin. A cet effet, VITO appuie les experts nationaux et locaux dans l’élaboration des comptes écosystémiques du complexe-WAP. Une série de formations est également prévue pour les acteurs de la République du Niger, du Burkina Faso et de la République du Bénin. La première formation s’est tenue à Cotonou au Bénin au du 25 au 27 avril 2023 profit de ces acteurs du complexe WAP.
Objectif de l'atelier
Cet atelier de formation avait pour objectif principal de renforcer les capacités en comptabilité écosystémique et, plus spécifiquement, en méthodologie CECN, appliquée dans le contexte du complexe WAP. Cet atelier visait les parties prenantes de la République du Niger, du Burkina Faso et de la République du Bénin qui n’ont pas pu bénéficier de la formation organisée, en collaboration avec l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), en septembre 2022 à Ouagadougou. Cet atelier permettra aux acteurs spécifiés précédemment d’avoir le bagage nécessaire pour une pleine appropriation de l’outil Sys4ENCA durant la seconde formation prévue en septembre pour tous les acteurs de la première et deuxième phase du projet. L’atelier vise donc les objectifs suivants :
Resultats attendus
Au terme de la rencontre, les résultats ci-dessous sont attendus :
Travaux
Durant les deux derniers jours de l’atelier de formation, les comptes écosystémiques du complexe WAP, basés sur des données globales, accessibles librement (Tier-1), et non sur données locales (Tier-3), ont été évalués aux niveaux de la valeur écosystémique totale et de sa tendance entre 2000 et 2020, en s’appuyant également sur la distribution spatiale des valeurs écosystémiques des composantes eau, carbone et infrastructure, ainsi que celle de la couverture des terres. A cet effet, les participants ont été scindés en 2 groupes ; un premier groupe ayant pour objectif d’évaluer les sorties de Sys4ENCA pour le W-Benin, le W-Burkina Faso et le W-Niger et un deuxième groupe pour une évaluation du Arly et Pendjari.
Carte de la distribution spatiale de la capacité totale des écosystèmes en 2000 (en haut) et en 2020 (en bas) produite par le processeur "total" de la plateforme Sys4ENCA
Les deux groupes se sont focalisés sur les questions suivantes :
- Identifier les zones à valeur écologique faible et importante sur le terrain
- Formuler les causes
- Evaluer ces zones par rapport aux zones issus de l’outil Sys4ENCA
- Identifier les zones de dégradation ou de régénération sur le terrain
- Formuler les pressions croissantes qui expliquent ces tendances
- Evaluer ces zones par rapport aux zones issus de l’outil Sys4ENCA (2000-2020)
Les résultats de l’évaluation ont été présentés, par les 2 groupes, aux autres participants.
Durant les présentations, les capacités et limites de l’outil Sys4ENCA à représenter la valeur écosystémique du complexe WAP ainsi que leur tendance (dégradation et régénération) ont été mises en avant. Les principales divergences sont la couverture des terres et les limites et statut des différentes aires protégées.
Les experts ont suggéré de tenir compte des éléments suivants pour une meilleure représentation de la valeur écologique des aires protégées dans les simulations Sys4ENCA :
- Inclure les principaux cours d’eaux à l’échelle locale
- Actualiser les limites et les statuts de protections des aires protégées
- Adapter la couverture des terres :
> Une meilleure représentation des montagnes ; les spots rocheux ont en effet moins de couverture végétale mais sont un écosystème en soin et donc une haute valeur écosystémique.
>Corriger le type de couverture des terres à l’intérieur du complexe WAP, en particulier les terres agricoles : sur base des cartes CCI, l’étendue des terres agricoles aurait augmenté durant les dernières années ; selon les experts, il n’y a pas de terres agricoles à l’intérieur des parcs.
- Inclure des données locales de population et villages en périphéries (-> pression urbaine), feux (non-) anthropogéniques, routes motorisées, mines, indices de santé de la faune et flore (par exemple basés sur les dénombrements de faune) , qualité de l’eau, zone de régénération de la végétation, etc.
Malgré les limites mentionnées ci-dessous, les experts ont mis en avant les capacités de la méthodologie CECN et de la plateforme Sys4ENCA de présenter une vue harmonisée avec possibilité de discuter entre pays. Après la démonstration pratique de l’outil Sys4ENCA, des recommandations pour une meilleure appropriation de cet outil ont été formulées telles que l’organisation de formations pratique sSys4ENCA et la nécessité de support pour la création de compte, en particulier la préparation des données d’entrée, tel que la traduction du dénombrement de faune en indice de santé. Cette traduction requiert une expertise spécifique ; le développement d’une méthodologie permettrait de faciliter ce processus plus ou moins subjectif.
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